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remarques stylistiques sur les lettres de jeanne d`arc

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remarques stylistiques sur les lettres de jeanne d`arc
1
REMARQUES
STYLISTIQUES
SUR LES LETTRES
DE JEANNE D'ARC*
FUKUMOTO,
Naoyuki
Il ne reste plus rien a ajouter au role qui a ete effectue dans l'histoire de la France d'au debut du
15` siecle par une jeune fille que nous appelons Jeanne d'Arc.(') Jusqu'a nos jours on a tant travaille
a eclaircir non seulement son personnage et les evenements mais aussi tous les themes concernant
l'epoque ou elle a vecu. On a fait couler beaucoup d'encre pour cela, nous avons déjà une
abondance de livres comme resulat d'etudes. Et cette sorte d'efforts se continuent laborieusement
meme aujourd'hui.
Quelle
savoir, son
interessants
ne manque
langue parlait Jeanne d'Arc? Comment prononcait-elle, qu' est-ce qu'elle racontait? A
idiolecte et le contenu de son langage, ne sont-ils pas des problemes elementaires et
bien fondes a susciter l'interet des chercheurs? En plus, pour 1'etude de ce domaine, it
pas de documents; car nous possedons suffisamment de materiaux tels que les lettres
avec sa signature, les proces-verbaux du proces de condamnation et aussi du proces de
rehabilitation, des chroniques et des memoires d' apres ses contemporains etc.... Mais it se trouve
tres peu d'etudes approfondies jusqu'ici; en realite le sujet de la langue de Jeanne n'est traite que
comme un episode de l'histoire de la langue au 15e siecle.(2)
Afin de saisir l' ensemble de son idiolecte et de son langage et de lui donner la place exacte dans
l'histoire de la langue de l' epoque ou elle a vecu, it est souhaitable d'essayer une observation
synthetique qui s'etend a divers domaines; en particulier it est indispensable de mettre au fond de la
recherche le dialecte lorrain qui se situe comme substratum de son idiolecte, avant tout le patois
haut-meusien qui offre des particularites d'une region tres determinee.
Dans cet article, nous essayons d'apporter quelques remarques du point de vue stylistique sur
les lettres de Jeanne d'Arc, pour marquer notre premier pas a l'etude globale dans l'avenir, qui aura
pour objet le total de la langue de Jeanne.
Voici une liste de toutes les lettres de Jeanne reconnues jusqu'a maintenant;(3) it faut preciser
qu'elles ne sont pas de la main de Jeanne, mais elles sont toutes des lettres dictees, soit originales
soit transcriptions.
Ces dix lettres de Jeanne peuvent
etre divisees
contenu; d'un cote it y a un genre ou elle recommande
exemple,
grosso modo en deux genres d'apres
leur
le retrait ou la reddition aux ennemis, par
les 1 et 2; d'un autre cote les 6, 9, 10 dans lesquelles
elle s'efforce
de reconforter
et
remonter le moral de ses soldats. On dirait que les lettres 3, 4 se situent au milieu des deux genres.
Le contenu de ces lettres se repartit comme suit: (Voir la liste au p. 3)
* Version remaniee et augmentee de la communication faite au congres semestriel de la Societe japonaise de stylistique , le 20
novembre 1993a l'Universite Dokkyo (Himeji) et publiee en japonais dans le bulletin de la-dite Societe "Studies in Stylistics",
N° 41 (1995.3), pp. 13-26.
2
No
date
lieu
d'expedition
adresse
source/possession
signature
1
circa
1429.3.22
Poitiers
les Anglais en
siege d'Orleans
l' article 22 du libelle
du promoteur
au proces
de condamnation
2
1429.5.5
Orleans
id.
le temoignage
de Pasquerel au proces de rehabilitation
3
1429.6.25
Gien
les bourgeois
Tournai
de
les registres
de Tournai
4
1429.7.4
St Phal
les bourgeois
de
le Registre
Rogier(4'
Troyes
5
1429.7.17
Reims
Philippe
le Bon
6
1429.8.5
Provins
les bourgeois
Reims
de
le Musee
/
Jesus-Maria
Jeanne la Pucelle
de la ville
/
de Jean
les Archives
Lille
note
/
du Nord a
de l'Histoire
de France's)
7
1429.8.22
Compiegne
le conte
d' Armagnac
8
1429.11.9
Moulins
les bourgeois
Riom
de
les Archives de la
commune de Riom
Jehanne
—CO
9
1430.3.16
Sully s/Loire
les bourgeois
de
les Archives
Jehanne
—CO
—CO
10
l' article 26 du libelle
du promoteur
au proces
de condamnation
/
de la
Reims
ville
la famille du comte
Maleissye-Melun
Jehanne
Reichsregister
Pasquerel
1430.3.28
id.
id.
1430.3.23'"
id.
les hussites
Bohemie
en
papier
de Reims(6)
(Vienne)
latin (avec la
traduction
allemande)
Les chiffres en gothique indiquent les lettres originales.
Examinons de pres les caracteristiques stylistiques des exemples principaux: on commence par
le N° 1 qui est une lettre adressee aux soldats anglais au siege d'Orleans. Precedee de "Jesus-Maria"
cette lettre nous fait sentir meme aujourd'hui la joie de la vocation de la Pucelle et sa conviction de
la victoire juste avant la liberation d'Orleans.(8)
Le plus
d'expression
reussit
caracteristique
absolue
a donner
Un paragraphe
hypothese
du style
et hautaine,
une impression
consistant
et sa consequence,
Voici une analyse
de la lettre
commune
aux gens
tres forte au lecteur,
d'un
appel
se repete
a ceux
reside
dans
pretendant
sa parfaite
avoir
grace a la structure
a qui on a affaire,
sept fois en forme de vagues
d'une
structure;
entendu
une voix celeste,
des phrases
phrase
et accable
la facture
bien calculees.
imperative,
d'une
ceux qui la lisent.
de la lettre N° 1:
Pr paragraphe:
A=les destinataires de rapper): "Roy d'Angleterre, et vous, duc de Bedford, qui vous
dictes regent le royaume de France; vous, Guillaume de la Poule, conte de Sulford; Jehan,
sire de Talebot; et vous, Thomas, sire d'Escales, qui vous dictes lieutenans dudit duc de
Bedford"
B=le contenu de l'imperatif: "faictes raison au Roy du ciel; rendez a la Pucelle, qui est ci
U
3
adresse
No
genre/contenu
•>a
allie
le conte d'Armagnac
7
reponse
vc
c'a
ennemi
le duc de Bourgogne
5
recommandation
les bourgeois
6
allies
c4
U
I)
0
neutres
ennemis
de Reims
id.
9
id.
10
les bourgeois
de Tournai
3
les bourgeois
de Troyes
4
les bourgeois
de Riom
8
les soldats
anglais
1
id.
sur la legitimite
du pape
de la paix
lettre d'exhortation
recommandation
demande
de l'obeissance
de ravitaillement
recommandation
du retrait et de la reddition
2
envoiee de par Dieu, le Roy du ciel, les clefs de toutes les bonnes villes que vous avez
prises et violees en France."
C=la condition, la supposition ou la proposition et la consequence: "Elle est ci venue de par
Dieu pour reclamer le sanc royal. Elle est toute preste de faire paix, se vous lui voulez
faire raison, par ainsi que France vous mestres jus et paierez ce que vous l'avez tenu."
2e paragraphe:
A="Et
entre vous, archiers,
compaignons
de guerre,
gentilz
et autres qui estes devant
la ville
d' Orleans,"
B="alez
vous ent en vostre
C="et se ainsi ne le faictes,
pais, de par Dieu,"
actendez
les nouvelles
de la Pucelle
qui vous ira voir briefment,
a voz bien granz dommaiges."
3e paragraphe:
A="Roy
d' Angleterre,"
C="se ainsi ne le faictes, je sui chef de guerre, et en quelque lieu que je actaindray voz gens
en France, je les en feray aler, vueillent ou non vueillent et si ne veullent obeir, je les
feray tous occire."
— Jeanne rappelle , ici, son identite et souligne sa mission succinctement: "je sui ci
envoiee de par Dieu, le Roy du ciel, corps pour corps, pour vous bouter hors de
toute France."
4e paragraphe:
A=(le roi d'Angleterre)
B="Et n'aiez point en vostre oppinion, quar vous ne tendrez point le royaume de France
Dieu, le Roy du ciel, fils saincte Marie:"
C="Et si veullent obeir, je les prandray a mercy."
— Jeanne pretend la legitimite du dauphin Charles et insiste que c'est la volonte de
Dieu qu'il monte sur le trone, et en méme temps cerne son role a jouer: "ainsi le
tendra le roy Charles vray heritier; car Dieu, le Roy du ciel, le veult et lui est
revele par la Pucelle; lequel entrera a Paris a bonne compagnie."
4
5e paragraphe:
A=(le roi d'Angleterre=les soldats anglais)
B="Et croyez fermement que le Roy du ciel envoiera plus de force a la Pucelle que vous ne
lui sariez mener de tous assaulx, a elle et a ses bonnes gens d'armes; et aux horions verra
on qui ara meilleur droit de Dieu du ciel."
C="Se ne voulez croire les nouvelles de par Dieu et la Pucelle, en quelque lieu que vous
trouverons, nous ferrons dedens et y ferons ung si grant hahay que encore a il mil ans que
en France ne fu si grant, se vous ne faictes raison.""
— On trouve ici le mot "hahay", qui aurait ete prononce frequement par les soldats
de l'epoque, mais dont l'exemple n'est pas si abondant dans les dictionnaires. La
plupart de ceux qui font mention de ce mot tels que Godefroy, T.-L., La Curne de
Sainte-Palaye etc. font la citation de cet exemple. On l'explique dans beaucoup de
cas par "cri de guerre, d'alarme",(12' mais le contexte exige ici plutot le sens de
"assaut violent" .
Aussi I'expression: "nous ... y ferons un si grand hahay que encore a it mil ans
que, en France, ne fut si grant, ..." nous en fait rappeler d' analogues employees
dans un passage bien connu du "Roman de Renart": "Ainz en prandre tele
venjance / Que l'en en parlera par France."(")
6e paragraphe:
A="Vous,
duc de Bedford,"
B="la Pucelle
C="Si
vous prie et vous requiert
vous lui faictes
feront
raison, encore
que vous ne vous faictes
pourrez
le plus bel fait que onques
mie destruire."
venir en sa compaignie,
l'ou que les Franchois
fu fait pour la chrestiente."
7e paragraphe:
A=(le duc de Bedford)
B="Et faictes response se vous voulez faire paix en la cite d'Orleans."
C="et se ainsi ne le faictes, de vos bien grans dommages vous souviengne briefment."
Le style oil est repete
appel,
imperatif,
ans apres Jeanne:
Ce
nous rappelle
celui de Jean Calvin
dans "l'Institution
essentielle
une pucelle
d'idees,
enumere
"les arguments,
le paragraphe
consistant
un autre style militant
chretienne".
Calvin,
il les enregimente
de trois elements:
qui apparaitra
comme
cent
fondateur
et les fait marcher
du
comme
en bataille." 04)
qui
d'arguments
successives
hypothese-consequence,
style de la discussion
une armee
sept fois en vagues
est
commun
plausibles
aux
Jeanne
dans une symetrie
entre les deux, c'est
ignorante
deux,
le theologien
qui ordonne
la Pucelle
coherente;
et Jean
en meme
erudit qui argumente
Calvin,
temps,
c'est
s'il existe
chez Calvin
le deroulement
une difference
et dans Jeanne,
c'est
de par une providence.
Passons maintenant a examiner de pres la lettre N° 5: "Avec une audace innocente Jeanne a
ecrit au duc de Bourgogne de la part du Dauphin pour l'inviter au sacre. Le duc ne repondit point a
son message. Le jour meme du sacre, le 17 juillet, de Reims, Jeanne lui envoie un second
message."(15)Jeanne se comporte envers le duc de Bourgogne, parent de la famille royale, d'une
5
maniere
tout a fait differente
de celle employee
mainmise
sur le royaume
composee
de trois paragraphes
tour a tour des accents
Pour commencer
A="Hault
La lettre reflete
emploie
et c'est plutot
qu' on trouve
et redoubte
B="Jehanne
seigneur,
l'un
assertion,
aussi la triade;
une demande
et son sentiment.
des tons assez varies;
meme
de contrainte
mais cette fois-ci,
d' arbitrage
qui veulent
Cette
faire
lettre,
on y rencontre
imperative.
elle commence
par faire un
entre le roi et le duc qu'une
supplique
duc de Bourgoingne,"
vous requiert
que le roy de France
pardonnez
comporte
anglais
ici:
prince,
la Pucelle
supplication,
le roi et les soldats
bien sa conscience
et d' un post-scriptum
de persuasion,
Jeanne
appel avec reverence,
ou une persuasion
francais.
envers
a 1'autre
de par le Roy du ciel, mon droicturier
et vous,
de bon
cuer,
faciez
bonne
paix ferme,
entierement,
ainsi
que
et souverain
qui dure
doivent
longuement,
faire
loyaulx
christians;"
C="et s'il vous plaist a guerroier,
si alez sur les Sarazins."
Jeanne change de registre dans le deuxieme paragraphe; la persuasion pour exiger 1'evacuation
s'exalte et 1'expression devient subjective:
"Prince de Bourgoingne
, je vous prie, supplie et requiers, tant humblement que requerir vous
puis que ne guerroiez plus au saint Royaume de France, et faictez retraire incontinent et
briefment vos gens qui sont en aucunes places et forteresses du dit saint Royaume;"
Cet appel manque de reverence; le sujet passe a la premiere personne au lieu de la troisieme
personne du paragraphe precedent; elle insiste en employant trois verbes. "la France" est
accompagnee d'une epithete unilaterale: "saint Royaume de".
Elle annonce la possibilite d'une proposition de paix de la part du roi de France, et en meme
temps elle ajoute sa conclusion dogmatique sur le caractere de l'armee francaise:
"et de la part du gentil Roy de France
, it est prest de faire paiz a vous, sauve son honneur,
s'il ne tient en vous, et vous faiz a savoir de par le Roy du ciel, mon droicturier et souverain
seigneur, pour vostre bien et pour vostre honneur et sur voz vie, que vous n'y gaignerez
point bataille a l'encontre des loyaulx Francois, et que tous ceulx qui guerroient ou dit saint
Royaume de France, guerroient contre le roy Jhesus, Roy du ciel et de tout le monde, mon
droicturier et souverain seigneur."
Au troisieme paragraphe Jeanne repete une troisieme fois sa supplication ou s'epanche mieux
son
cceur dans une expression concise:
"Et vous prie et requiers a jointes mains
, que ne faictes nulle bataille ne ne guerroiez contre
nous, vous, voz gens ou subgiez;"
La peroraison
"et croiez
gaigneront
de cette lettre est mise en un imperatif qui deborde de vigueur:
seurement que
, quelque nombre de gens que vous amenez contre
mie, et sera grant pitie de la grant bataille
qui y vendront
au sacre
et du sang qui y sera respendu
n'y
de ceux
contre nous."
La teneur du post-scriptum
Bourgogne
nous, qu'iz
de Charles
nous legue le sentiment
de Jeanne
qui regrette
VII, et sa personnalite
qui s'inquiete
l' absence
du duc de
du sort de son heraut
qui ne
6
revient pas:"
"Et
a trois sepmai
nes que je vous avoye escript et envoie bonnes lettres par ung herault, que
feussiez au sacre du roy qui, aujourd'hui dimanche XVIIe jour de ce present mois de juillet,
ce fait en la cite de Reims: dont je n'ay eu point de response, ne n'ouy oncques puis
nouvelles dudit herault."
Ce que nous voyons dans cette lettre, ce sont deux aspects d'une meme personne , et on verra
cette tendance augmenter de plus en plus chez elle. Il s'agit de la coexistence d'une ideologue et
d'une realiste, d'une croyante et d'un soldat, d'une fanatique et d'une fille gentille. Elle se pretend
envoyee "de par le Roy du ciel, mon droicturier et souverain seigneur" (3 fois) , afin d'insister sur sa
situation et sa mission; elle supplie le duc de Bourgogne "a jointes mains" de ne pas faire la guerre
contre elle, et en meme temps elle declare l'invincibilite de l'armee francaise, celle du "roy Jhesus".
A la suite de ces deux lettres, l'une, N° 1, pleine de conviction et de vigueur, qui exhorte les
ennemis a battre en retraite et a se rendre, et l'autre, N° 5, pleine de fierte et de cceur, dans laquelle
Jeanne supplie le cessez-le-feu et la paix entre les deux forces francaises , nous allons voir
maintenant les trois lettres destinees aux citoyens de Reims; elles (=N° 6, 9, 10) sont ecrites pour
exalter et encourager le moral des bourgeois de cette ville qui restent toujours du cote du roi Charles
VII.
Charles VII, devenu roi legal apres le sacre de Reims, incline vite a la negociation avec les
Bourguignons, conseille par son entourage, et ecarte Jeanne qui lui reclame la marche immediate
vers Paris. L'existence de la Pucelle qui desire faire a tout prix la liberation de Paris par force
devient de plus en plus ennuyeuse pour le roi et son entourage. Mais, déjà deux semaines apres le
sacre, les bourgeois de la vale de Reims restes toujours fideles au roi et de nouveau abandonnes
dans le sphere de l'influence bourguignonne, se precipite a adresser au roi une demande de secours ,
mais le roi ne se pressant pas le faire ils envoient cette fois a Jeanne , furieuse de la trahison des
"siens"
, des lettres urgentes pour la supplier de les secourir. Les trois lettres que nous voyons ici
sont des reponses a eux dans ces circonstances.
Tant s'en faut que 1'image de Jeanne que nous y trouvons soit celle d'une envoyee du ciel ou du
soldat divin fringant que nous avons vue ci-dessus; loin de la , elle est celle d'une jeune fille
impuissante, couverte de blessures, jouee par des intrigues et des politiques , mais qui s'adonne, a la
tete des troupes, a encourager le moral des siens.
Dans ces lettres, N° 6, 9, 10, on ne trouve plus d' expressions en imperatif employees
frequemment dans les precedentes. Ce sont maintenant des expressions du futur qui deviennent
nombreuses; et elles sont nuancees d'un parti-pris inchangeable et en meme temps d'une
observation optimiste de Jeanne la Pucelle:
" ... combien que des treves qui ainsi sont faictes je ne suy point conteinte, et ne scey si je les
tendroy; maiz si je les tiens ce sera seulement pour garder 1' onneur du Roy , combien aussi
que ilz ne cabuseront point le sang roial, car je tendroy et maintendroy esemble l' armee du
roy pour estre toute preste au chieff desdis quinze jours si ilz ne font la paix . (...) et me
faictes savoir se it y a nulz triteurs qui vous veullent greyer et au plus brieff que je pourray je
les en osteray et me faictes savoir de voz nouvelles." —N° 6
"Vullies savoir que vous n'ares poi
nt, si je les puis rencontryer bien bref, et si ainsi fut que
7
je ne les recontrasse ne eux venissent devant vous, si fermes vous pourtes car je serey bien
brief vers vous, et ci eux y sont je leur ferey chousier leurs esperons si a aste que ne savent
par ho les prandre, et lever cil y et se brief que ce cera bien tost."
— N° 9
Pour rassurer les bourgeois de Reims, dans N° 6 ainsi que dans N° 9, elle exprime sa volonte
ferme au futur; mais cela est precede, dans N° 6, par ses remarques peu distinctes et peu
satisfaisantes exprimees aussi au futur sur la treve accordee entre Charles VII et le duc de
Bourgogne.
Et en meme temps, sachant qu'il ne lui reste qu'une annee de liberte, elle est obligee d'imposer
une limite a ses paroles malgre elle:
"
... et je vous promeit et certiffi que je ne vous abandonneray point tant que je vivroy; (...)
Pour ce ... je vous prie que vous ne vous en donnes malaise tant comme je vivroy, ..."
— N° 6
L'emploi du futur dans la lettre N° 10 nous fait sentir non seulement la conjecture ou la
supputation de l'avenir mais aussi meme le souhait et la priere de Jeanne:
"Et congnoist bien que vous avez moult a souffrir pour la durte que vous font ces traitrez
bourguignons adversaires; si vous en delivrera au plesir Dieu bien bref, c'est a savoir le plus
tost que fere se pourra, si vous prie, requier, tres chiers aimiz, que vous guardes bien la dite
bonne cite pour le roy et que vous faciez tres bon guet, vous orrez bien tost de mes bonnez
nouvellez plus a plain." — N° 10
Le post-scriptum qui est ajoute a chaque lettre est aussi significatif.
A la fin de la lettre N° 6, apres la datation, elle precise le lieu d'expedition: "empres Provins, un
logeiz sur champs ou chemin de Paris". Sa persistance "ou chemin de Paris" serait un reflet
d'.obsession a la marche sur Paris pour laquelle elle insistait et de depit de ne pouvoir rien faire pour
cela.
Voici celui de la lettre N° 9:
"Je vous mandesse anquores auqunes nouvelles de quoy vous series bien joyeux mes je
doubte que les letres ne feussent prises en chemin et que 1'on ne vit les dites nouvelles."(")
La phrase dont les verbes sont mis au subjonctif ou conditionnel nous fait douter la credibilite
de ce qui est reconte. On sait qu'au moment ou elle l'a dictee, Jeanne demeurait sans rien faire,
prives de l'activite militaire, a Sully. Il nous faudrait croire qu'elle a ajoute ce post-scriptum a
1' intention des Remois qui comptaient sur elle afin de ne pas les decourager. De toute facon elle
etait devenue si impuissante qu' it ne lui reste que la parole pour reconforter ces gens qui recourent
totalement a elle. Mais elle ne peut pas supporter de les reconforter seulement en paroles; it nous
semble qu'elles se decide a mettre a execution ses promesses.('8
A la fin de la lettre N° 10, ecrite dix jours apres la precedente, N° 9, nous trouvons qu'elle
laisse entendre sa prochaine venue aux habitants de Reims:
" ... vous orrez bien tost de mes bonnez nouvellez plus a plain. Austre chose quant a present
ne vous rescri fors que toute Bretaigne est fransaise et doibt le duc envoier au roi .iii. mille
combatans paiez pour .iv. moyes." (19)
8
Ce que nous pouvons
deux portraits
soucis
d'un
differents
et faiblesse
leader
sincerite
plein
savoir
d'une
humains,
meme
personne;
dans les lettres
d'humanite
pour continuer
par ces lettres
n'est
omnipotente
aux Anglais
qui, tout en sachant
a exhorter
qu'une
image
reelle
illuminee
. Tandis
de deux Jeanne , a savoir
, etre surnaturel
que, c'est
depourvue
la personnalite
son impuissance
, se conduit
les siens de tout son cceur que nous reconnaissons
de
totale
avec fermete et
dans les lettres
aux Remois.
Et Mlle Regine
conduites
et son existence
l' impression
retrouve
qui s'en
qui forme
tous ces etres
qu'on
ne peut expliquer
meme:
une "transparence"
est une
l'action,
comme
le caractere
"On peut lire et relire ces interrogatoires
sorte
elle est d'une
elle correspond."
meme
devient
limpidite
de toutes
de Domremy
ses
a Greux:
, cette meme transparence
que i' on
de "Jeannette" . Mais cette transparence
de vie
chez elle transparence
partiucliere
(20)Et c'est
tout ce qui la concerne
principal
de transparence
la personne
son environnement
limpides,
avec lequel
decele
degage
dans les paroles,
quotidienne
invisible
Pernoud
a cause
et comme
de cette
que par des miracles
a l'action
un pur reflet
transparence
de Dieu. Parmi
de ce monde
si pure
et limpide
et des mysteres.
NOTES:
(1) Personne, ni Jeanne ni ses contemporains, ne l'a appelee ainsi; Jeanne, elle-meme, s'appelait Jeanne la
Pucelle dans ses lettres.
(2) Voir, par exemple; Ch. Bruneau, Petite histoire de la langue francaise, vol. 1, p. 94ss (en particulier p.
105); A. Dauzat, Jeanne parlait-elle francais ou lorrain? (article paru dans "Lettres francaises" , le 25 oct.
1955; Regine Pernoud, Jeanne d'Arc, IIIe partie, VI "La langue de Jeanne d'Arc et de ses
contemporains"; et les articles des MM. Jean Colson, Michel Francard , Alain Atten et Marie-Veronique
Clin dans "Jeanne de Domremy en patois haut-meusien" , 1988.
(3) La liste est etablie d'apres "Les lettres de Jeanne d'Arc", dans Regine Pernoud, Marie-Veronique Clin:
Jeanne d'Arc, Fayard, 1986, pp. 377-390. Les auteurs y font mention de tout ce qu'on sait sur les lettres
et sur la correspondance de la Pucelle (y compris les cas oii le texte n'est pas parvenu a la posterite) . Voir
aussi; Paul Doncceur, Paroles et lettres de Jeanne la Pucelle, Pion , 1960; Th. Enklaar, Les lettres de
Jeanne d'Arc, dans "La fille au grand ccrur" , Groningen, 1955.
(4) "Recueil fait par moi Jean Rogier l'aisnel des Chartes, tiltres, arretz et anciens memoires quy se trouvent
en la maison et Hostel de ville comme aussy en la chambre de 1'Echevinage de la ville de Reims" (1637)
(5) La mention dans Pernoud "Jeanne d'Arc" est a corriger: "Original conserve a Reims, Archives
municipales." (p. 384)
(6) Depuis 1970.
(7) Ce n'est pas une lettre dictee par Jeanne; c'est l'ceuvre du frere Pasquerel, confesseur de Jeanne; it l'a
faite en empruntant le nom de Jeanne la Pucelle.
(8) Jeanne les exprime elle-meme: "Quant aux lettres aux anglais je ne les ai point faites par orgueil ou
presomption, mais par le commandement de Notre Seigneur.... Si les anglais eussent cm mes lettres, ils
eussent fait que sages. Et que avant qu'il soit sept ans, ils s'apercevront bien de ce que je leur ecrivais ."
(J. Quicherat, Proces de Condamnation et de Rehabilitation, t. I, p. 239, cite par P. Doncceur, op. cit., p.
171.)
(9) Voici une divergeance de vues sur la composition d'une lettre: "De ces lettres aux Anglais, le proces a
insere un texte composite, qui mélange en une seule redaction plusieures lettres envoyees a des
destinataires et a des dates differentes. En effet, les recueils du XVe siecle et les depositions au proces de
Rehabilitation temoignent de billets dont les destinataires sont formellement designes et differencies:" (P.
Doncceur, op. cit., p. 165-6)
(10) B: C intervertis dans le texte.
(11) B: C intervertis dans le texte.
(12) P. Tisset le note aussi: "cri de guerre" (Proces de condamnation de Jeanne d'Arc, t; 11,p. 186)
9
(13) Fukumoto-Harano-Suzuki, Le Roman de Renart, t. 1, Unite 7, vv. 563-4. Les vers analogues sont aussi
dans Unite 10: "Je t'en fere si grant venjance / Qu'en le savra par toute France." (vv. 725-6); "Et j'en
fere si grant venjance / Qu'en le savra par tote France." (vv. 1825-6).
(14) W. von Wartburg, Evolution et structure de la langue francaise, 1971, p. 163.
(15) P. Doncceur, op. cit., p. 174.
(16) Au temps oil les lois de la chevalerie etaient respectees, un heraut qui est chargé de faire un aller et retour
entre les deux camps, n'etait jamais contraint de son corps en quelque circonstance que ce soit. Comme ii
est mentionne au post-scriptum de la lettre N° 2, l'armee anglo-bourguignonne ose faire tout ce qui
n'etait pas permis au temps des chevaliers, ce dont Jeanne se tourmentait.
(17) Cette parole est consider& par certains historiens comme une suggestion de sa participation a l'emeute
anti-anglaise revel& a Paris au debut d' avril, a savoir a peu pres trois semaines apres la diet& de cette
lettre. (cf, par ex.; E. Bourguignon, Sainte Jeanne d'Arc, la guerriere, 1928, pp. 259-63)
"Car la decision de la Pucelle êtait prise: puisque le roi ne paraissait guere desireux de reprendre les
(18)
hostilites, elk referait le coup d'eclat qui lui avait si bien reussi deux fois, et partirait seule au secours des
villes menacees, comptant bien qu'une fois encore Charles se deciderait a la suivre." (M. David-Darnac,
Le dossier de Jehanne, 1968, p. 212)
(19) Jeanne, ravie de cette nouvelle du retour au roi du duc de Bretagne, sera tres vite &cue, car, "le duc de
Bretagne, qui aime a se trouver toujours du Me du gagnant, passe a nouveau dans le camp anglais, quand
ii voit Bourgogne s'en rapprocher jusqu'a reconnaitre la souveraineté d' Henry VI sur ses fiefs francais."
(J. d' Avout, La querelle des Armagnacs et des Bourguignons, 1943, p. 368)
(20) op. cit., p. 253.
10
APPENDICE:
N° 1
Les lettres
de Jeanne
d'Arc
Ihesus Maria
Roy d'Angleterre, et vous duc de Bedford qui vous dictes regent le royaume de
France, vous Guillaume de la Poule, comte de Sulford, Jehan sire de Talebot et vous
Thomas, sire de Scales, qui vous dictes lieutenant dudict duc de Bedford; faictes raison au
Roy du Ciel, rendez a la Pucelle, qui est cy envoyee de par Dieu le roy du ciel, les clefs de
toutes les bonnes villes que vous avez prises et violees en France. Elle est venue de par
Dieu pour reclamer le sanc royal. Elle est toute preste de faire la paix, si vous lui voulez
faire raison, par ainsi que France vous mectrez jus, et paierez ce que vous l'avez tenu. Et,
entre vous, archiers, compaignons de guerre, gentilz et autres qui estes devant la ville
d'Orleans, alez vous en vostre pals de par Dieu; et se ainsi ne le faictes, attendez les
nouvelles de la Pucelle, qui vous ira veoir briefvement, a vos bien grans dommaiges. Roi
d'Angleterre, se ainsi ne le faites, je suis chef de guerre, et en quelque lieu que je
attaindrai vos gens en France, je les en feray aler. Je suis cy envoyee de par Dieu, le Roy
du ciel, pour vous bouter hors de toute France. Et si veullent obeir, je les prendray a
mercy. Et n'ayez point en votre opinion, guar vous ne tendrez point le royaume de Dieu, le
roy du ciel, filz de saincte Marie: ains le tendra le roy Charles, vray heritier, car Dieu le
Roy du ciel le veult et luy est revele par la Pucelle: lequel entrera a Paris a bonne
compaignie. Se ne le voulez croire les nouvelles de par Dieu et la Pucelle, en quelque lieu
que vous trouverons, nous ferrons dedens et y ferons un si grand hahay que encore a it mil
ans que, en France, ne fut si grant, si vous ne faictes raison. Et croiez fermement que le
Roy du ciel envoiera plus de force a la Pucelle, que vous ne lui sariez mener de tous
assaulx, a elle et a ses bonnes gens d'armes; et aux horrions verra on qui ara meilleur
droit de Dieu du ciel. Vous, duc de Belford, la Pucelle vous prie et vous requiert que vous
ne faictes mie destruire. Se vous luy faictes raison encore pourrez-vous venir en sa
compaignie, l'oi que les Franchois feront le plus bel fait que oncques fu fait pour la
Khrestiente. Et faites response se vous voulez faire paix en la cite d'Orleans. Et se ainsi ne
le faictes, de vos bien grans dommages vous souviegne briefvement. Escrit ce samedi ,
sepmaine sainte.
N° 2
Vous, Anglais, qui n'avez aucun droit sur ce royaume de France, le Roi des Cieux
vous ordonne et mande par moi, Jeanne la Pucelle, que vous quittiez vos forteresses et
retourniez dans votre pays ou sinon je vous ferai tel hahay dont sera perpetuelle memoire .
Voila ce que je vous ecris pour la troisieme et derniere fois et n'ecrirai pas davantage.
Signe Jesus-Maria, Jeanne la Pucelle.
Moi, je vous aurais envoye mes lettres honnetement, mais vous, vous detenez mes
messagers, car vous avez retenu mon heraut, nomme Guyenne. Veuillez me le renvoyer et
je vous enverrai quelquesuns de vos gens pris dans la forteresse de Saint-Loup, car ils n'y
sont pas tous morts.
N° 3
Jhesus Maria
Gentilz loiaux Franchois de la ville de Tournay, la Pucelle vous fait savoir des
11
nouvelles de par decha que en VIIIjours elle a cachie les Angloix hors de toutez les places
quilz tenoient sur le revire de Loire par assaut et autrement ou it en eu mains mors et prins
et lez a desconfis en bataille, et croies que le conte de Suffort, La Poulle son frere, le sire
de Tallebort, le sire de Scallez et messire Jehan Falstof et plusieurs chevaliers et
capitainez ont este prins, et le frere du conte de Suffort et Glasias mors. Maintenes vous
bien, loiaux Franchois, je vous en pry.
Et vous pry et vous requier que vous soies tous prestz de venir au sacre du gentil roy
Charles a Rains ou nous serons briefinent; et venes audevant de nous quant vous saures
que nous aprocherons. A Dieu vous commans, Dieu soit garde de vous et vous doinst grace
que vous puissies maintenir la bonne querelle du royaume de France. Escript a Gien le
XXVejour de juing.
Aux loiaux Franchois de
la ville de Tournay
N°4
Jesus Maria
Tres-chers et bons amys, s'il ne tient a vous, seigneurs, bourgeois et habitants de la
ville de Troyes, Jehanne la Pucelle vous mande et faict savoir de par le roy du ciel son
droitturier et souverain Seigneur, duquel elle est chacun jour en son service royal, que
vous fassies vraye obeissance et recognoissance au gentil roy de France, quy sera bien
bref a Reims et a Paris, quy que vienne contre, et en ses bonnes villes du sainct royaume a
l'ayde du roy Jesus. Loyaulx Francois, venes au-devant du roy Charles et qu'il n'y ait
poinct de faulte et ne vous doubtes de vos corps ne de vos biens, sy ainsy les faictes; et, sy
ainsy ne le faictes, je vous promectz et certifie sur vos vies que nous entrerons, a l'ayde de
Dieu, en toultes les villes quy doibvent estre du sainct royaume, et y ferons bonne paix
fermes, quy que vyenne contre. A Dieu vous commant; Dieu soit garde de vous, s'il luy
plaist. Responce brief Devant la cite de Troyes; escrit a Saint-Fale, le mardy quatrieme
juillet.
N°5
Jhesus Maria
Hault et redoubte prince, duc de Bourgoingne, Jehanne la Pucelle vous requiert de
par le Roy du ciel, mon droicturier et souverain seigneur, que le roy de France et vous,
faciez bonne paix ferme, qui dure longuement, pardonnez l'un a l'autre de bon cuer,
entierement, ainsi que doivent faire loyaulx christians; et s'il vous plaist a guerroier, si
alez sur les Sarazins. Prince de Bourgoingne je vous prie, supplie et requiers, tant
humblement que requerir vous puis que ne guerroiez plus au saint Royaume de France, et
faictez retraire incontinent et briefinent vos gens qui sont en aucunes places et forteresses
du dit saint Royaume; et de la part du gentil Roy de France, it est prest de faire paix a
vous, sauve son honneur, s'il ne tient en vous, et vous faiz a savoir de par le Roy du ciel,
mon droicturier et souverain seigneur, pour vostre bien et pour vostre honneur et sur voz
vie, que vous n'y gaignerez point bataille a l'encontre des loyaulx Francois, et que tous
ceulx qui guerroient ou dit saint Royaume de France, guerroient contre le roy Jhesus, Roy
du ciel et de tout le monde, mon droicturier et souverain seigneur. Et vous prie et requiers
a jointes mains, que ne faictes nulle bataille ne ne guerroiez contre nous, vous, voz gens ou
subgiez; et croiez seurement que, quelque nombre de gens que vous amenez contre nous,
12
qu'iz n'y gaigneront mie, et sera grant pitie de la grant bataille et du sang qui y sera
respendu de ceux qui y vendront contre nous. Et a trois sepmaines que je vous avoye
escript et envoie bonnes lettres par ung herault, que feussiez au sacre du roy qui,
aujourd'hui dimanche XVII' jour de ce present mois de juillet, ce fait en la cite de Reims:
dont je n'ay eu point de response, ne n'ouy oncques puis nouvelles dudit herault. A Dieu
vous commens et soit garde de vous, s'il lui plaist; et prie Dieu qu'il y mecte bonne pais .
Escript audit lieu de Reims, ledit XVIP jour de juillet.
N° 6
Mes chiers et bons amis les bons et loiaulx Franczois de la cite de Rains, Jehanne la
Pucelle vous fait assavoir de ses nouvelles et vous prie et vous requiert que vous ne faictes
nulle doubte en la bonne querelle que elle mayne pour le sang roial; et je vous promeit et
certiffi que je ne vous abandonneray point tant que je vivroy; et est vroy que le Roy a fait
treves au duc de Bourgoigne quinze jours durant par ainsi qu'il li doit rendre la cite de
Paris paisiblement au chieff de quinze fours. Pourtant ne vois donner nulle mervoille si je
ne y entre si brieffvement; combien que des treves qui ainsi sont faictes je ne suy point
conteinte, et ne scey si je les tendroy; maiz si je les tiens ce sera seulement pour garder
l'onneur du Roy, combien aussi que ilz ne cabuseront point le sang roial, car je tendroy et
maintendroy esemble l'armee du roy pour entre toute preste au chieff desdis quinze jours si
ilz ne font la paix. Pour ce, mes tres chiers et parfaiz amis, je vous prie que vous ne vous
en donnes malaise tant comme je vivroy, maiz vous requiers que vous faictes bon guet et
gardes la bonne cite du roy et me faictes savoir se it y a nulz triteurs qui vous veullent
greyer et au plus brieff que je pourray je les en osteray et me faictes savoir de voz
nouvelles.
A Dieu vous commans qui soit garde de vous. Escript ce vendredi ye jour d'aoust
empres Provins, un logeiz sur champs ou chemin de Paris.
N° 7
Jhesus Maria
Conte d'Armignac, mon tres chier et bon ami, Jehanne la Pucelle vous fait savoir que
vostre message est venu pardevers moy, lequel m'a dit que l'avies envoie pardeca pour
savoir de moy auquel des trois papes, que mandez par memoire, vous devries croire . De
laquelle chose ne vous puis bonnement faire savoir au vray pour le present , jusques a ce
que je soye a Paris ou ailleurs, a requoy; car je suis pour le present trop empeschiee au
fait de la guerre; mes quant vous sarez que je seray a Paris, envoiez ung message
pardevers moy, et je vous feray savoir tout au vray auquel vous devrez croire, et que en
aray sceu par le conseil de mon droiturier et souverain Seigneur, le Roy de tout le monde ,
et que en aurez a faire, a tout mon pouvoir. A Dieu vous commans; Dieu soit garde de
vous. Escript a Compiengne, le XXIP jour d'aoust.
N° S
Chers et bon amis, vous savez bien comment la ville de Saint Pere le Moustier a este
prinse d'assault, et a l'aide de Dieu ay entencion de faire vuider les autres places qui sont
contraires au Roy; mais pour ce que grant despense de pouldres, trait et autres
habillemens de guerre a este faicte devant la dicte ville et moy en sommes pourveuz pour
aler mectre le siege devant La Charite, of nous alons prestement . Je vous prie, sur tant
que vous aymez le bien et honneur du Roy, et aussi de tous les autres de par deca, que
13
vueillez incontinant envoyer et aider pour le dit siege de pouldres, saleprestre, souffre,
trait, arbelestres fortes et d'autres habillemens de guerre; et en ce faictes tant que par
faulte desdites pouldres et autres habillemens de guerre la chose ne soit longue et que on
ne vous puisse dire en ce estre negligens ou refusans. Chiers et bons amis, nostre Sire soit
garde de vous. Escript a Molins le neufiesme jour de novembre.
Jehanne
N° 9
Tres chiers et bien aimes et bien desiries a veoir, Jehenne la Pucelle ey receu vous
letres faisent mancion que vous vous dopties d'avoir le siecge. Vullies savoir que vous
n'ares point, si je les puis rencontryer bien bref, et si ainsi fut que je ne les recontrasse ne
eux venissent devant vous, si fermes vous pourtes car je serey bien brief vers vous, et ci eux
y sont je leur ferey chousier leurs esperons si a aste que ne savent par ho les prandre, et
lever cil y et se brief que ce cera bien tost. Autre chouse ne vous escri pour le present, mes
que soyez toutiours bons et loyals. Je pri a Dieu que vous ait en sa guarde. Escrit a Sully le
XVIejour de Mars. Je vous mandesse anquores auqunes nouvelles de quoy vous series bien
joyeux mes je doubte que les letres ne feussent prises en chemin et que l'on ne vit les dites
nouvelles.
Jehanne
N°
10
Tres chiers et bons amis, plese vous savoir que je ay rechu vous lectres, lesquelles font
mencion comment on ha raporte au roy que dedens la bonne cite de Rains it avoit mult de
mauvais. Si veulez sovoir que c'est bien vray que on luy a raporte voirement qu'il y en voit
beaucop qui estoient d'une aliance et qui devoient trair la ville et metre les Bourguignons
dedens. Et depuis le roy a bien seu le contraire pour ce que vous luy en avez envoie la
certainete dont it est tres content de vous. Et croiez que vous estes bien en sa grasce et se
vous aviez a besongnier, it vous secouroit quant au regard du siege. Et congnoist bien que
vous avez moult a souffrir pour la durte que vous font ces traitrez bourguignons
adversaires; si vous en delivrera au plesir Dieu bien bref, c'est a savoir le plus tost que
fere se pourra, si vous prie, requier, tres chiers aimiz, que vous guardes bien la dite bonne
cite pour le roy et que vous faciez tres bon guet, vous orrez bien tost de mes bonnez
nouvellez plus a plain. Austre chose quant a present ne vous rescri fors que toute
Bretaigne est fransaise et doibt le duc envoier au roy III mille combatans paiez pour iy
moys. A Dieu vous commant qui soit guarde de vous. Escript a sully le XXVIII' de mars.
Jesus-Maria [en marge: Puella de Anglia]
Depuis quelque temp, a moi Jeanne la Pucelle, la rumeur et la voix publique ont
rapporte que de vrais chretiens devenus heretiques et semblables aux sarrasins vous avez
ruine la vraie religion et le culte, et embrasse une superstition honteuse et criminelle, et
voulant la proteger et la propager it n'est honteuse chose ni credulite que vous n'osiez.
Vous ruinez les sacrements de l'Eglise, vous dechirez les articles de la Foi, vous detruisez
les temples, vous brisez et brulez les statues qui ont ete erigees comme monuments du
souvenir, vous massacrez les chretiens parce qu'ils gardent la vraie Foi. Quelle est cette
fureur? Ou quelle rage ou folie vous transporte? Cette foi, que le Dieu tout-puissant, que
14
le Fils, que l'Esprit saint ont revelee, instituee, fait regner et ont glorifie de mille facons
par des miracles, cette Foi, vous, vous la persecutez, vous voulez la renverser et l'aneantir.
Vous, vous etes aveugles, non pas qu'il vous manque les yeux ni la clairvoyance. Croyezvous que vous en serez impunis? Ou ignorez-vous que Dieu empeche vos efforts criminels?
et permettre que vous demeuriez dans les tenebres et l'erreur? En sorte que plus vous vous
livrerez au crime et au sacrilege, plus it vous prepare de grandes punitions et supplices.
Quant a moi, a vous l'avouer franchement, si je n'etais pas occupee aux guerres
anglaises je serai venue vous voir depuis longtemps mais si je n'apprends que vous vous
etes corriges je quitterai peut-etre les Anglais et partirai contre vous, afin que par le fer si
je ne puis autrement, j'aneantisse votre folle et obscene superstition et que je vous arrache
votre heresie ou votre vie, mais si vous preferez revenir a la foi catholique et a la lumiere
premiere envoyez-moi vos ambassadeurs et je leur dirai ce qu'il faut que vous fassiez, si
vous ne le voulez pas et si vous vous regimbez obstinement contre l'eperon rappelez-vous
quels dommages et quels crimes vous avez perpetues et attendez-moi qui vous rendrai un
pareil sort avec les puissantes forces divines et humaines.
Donne a Sully le 23 mars
aux heretiques de Boheme
[Traduction]
Pasquerel
15
1965(日
召禾040)
1.[修
士 論 文]Quelquesobservationssur1'infinitifdenarration,京
2.[論
文1:話
都 大 学 大 学 院 文 学 研 究 科 提 出
法 不 定 法 の 歴 史 的 考 察(Observationshistoriquessur1'infinitifdenarration)京
都 大 学
文 学 部 佛 文 研 究 室 誌"Frarccia",No,9,pp,97-llO
1966(日
3.[論
文]
歴 史 的 不 定 法 に 見 ら れ る 動 詞 的 性 格 と 名 詞 的 性 格(Lescaracteresverbauxetnominaux
del'infinitifdenarration)京
都 大 学 文 学 部 佛 文 研 究 室 誌"Francia",No.10,pp.80-99
1967(日
4.[論
文]
召禾日41)
召禾「142)
「日 本 フ ラ ン ス 語 ・フ ラ ン ス
Observationssur1'infinitifdenarrationchezLaFontaine,
文 学 会 欧 文 誌 」No.10,pp.47-66
1970(日
5.[博
召 禾045)
士 論 文]NouvelleeditioncritiqueduRomandeRenartd'apreslemanuscrit1579delaBibliotheque
NationaledeParis(Brs.1,Ia),298p.パ
リ 大 学 文 学 部 提 出(Soutenuele15juznavecla
mentiontreshonorabledevantlejury:MM.Robert-LeonWAGNER,ClaudeREGNIER,
GerardMOIGNET)
1972(日
6.[論
文 】
『狐 物 語 』 第 一 枝 篇 校 訂 論 考(RemarquessurlanouvelleeditiondelaBr」duRomande
Renart)「
日本 フ ラ ンス 語
・ フ ラ ン ス 文 学 会 和 文 誌 」No.21,pp.1-10
1974(日
7.[著
書 】
和 四 十 八 年 度 文 部 省 科 研 出 版 助 成 金 に よ る 刊 行 物)
1976(日
文]
召禾049)
LeRomandeRenart,branchesIetTa,edited'apreslesmanuscritsCetM,France-Tosho
304p.(昭
8.[論
召禾047)
召禾051)
LeRomandeRenart,brancheIb,‐editioncritiqued'apreslesmanuscritsCetM‐(1)
「創 価 大 学 文 学 部 論 集 」 第 五 巻 第1号,pp.69-87
9.[論
文]
LeRomandeRenart,brancheXVI,‐editioncritiqued'apreslesmanuscritsCetM‐{1)
「創 価 大 学 文 学 部 論 集 」 第 五 巻 第2号,pp.21-46
1977(日
10.[論
文]
召禾052)
LeRomandeRenart,branchesXV2,XX,XXI,IIS,XVIII,XIX,II3,V‐editioncritique
d'apreslesmanuscritsCetM-(1)「
11.[論
文]
創 価 大 学 一 般 教 育 部 論 集 」No。1,pp.175-212
RemarquessurlaBr.laduRomandeRenart,日
本
ロ マ
ン ス 語 学 会"StudiaRomanica",
No.11,pp.91-112
1978(日
12.[論
文]
LeRomandeRenart,branchesIV,VII,VIII‐editioncritiqued'apresIesmanuscritsCet
M-(1)「
13.[論
文 】
召禾053)
創 価 大 学 一 般 教 育 部 論 集 」No.2>pP.11-67
RemarquessurlastructuredelaBr.IaduRomandeRenart,第
二 回 国 際 動 物 叙 事 詩 学 会
16
"MarcheR
14.[論
文]
omane",r.XXVIII,3-4,pp.43-48
NouvelleDefenseetillustrationdelaBr.IaduRomandeRenart,「
創 価 大 学 一 般 教 育 部
論 集 」No.2,pp.51-65
1979(日
15.[論
文 】
召 禾054)
LeRomandeRenart,branchesVI,XXII-editioncritiqued'apreslesmanuscntsCetル1(1)「
創 価 大 学 一 般 教 育 部 論 集 」No.3,pp。1-49
1980(日
16.[論
文 】
召禾055)
LeRomandeRenart,brancheXI,‐editioncritiqued'apreslesmanuscritsCetM‐(1)
「創 価 大 学 一 般 教 育 部 論 集 」No.4,pp.33-87(昭
(A)に
よ る 研 究)
1981(日
17.[論
文 】
召禾056)
LeRomandeRenart,brancheIb,‐notesetetudes-(2)「
No.5,pp.71-98(昭
文]
創 価 大 学 一 般 教 育 部 論 集 」
和 五 十 五 年 度 文 部 省 科 研 総 合 研 究(A)に
1982(日
18.[論
和 五 十 四 年 度 文 部 省 科研 総 合 研 究
召禾057)
LeRomandeRenart,branchesXVI-notesetetudes‐(2)「
No.6,pp.39-55(昭
よ る 研 究)
創 価 大 学 一 般 教 育 部 論 集」
和 五 十 六 年 度 文 部 省 科 研 総 合 研 究(A)に
1983(日
よ る 研 究)
召禾058)
19.[論
文 】:
、LeRomandeRenart,brancheXV2,XX,XXI,XVIII,XIX‐notesetetudes-(2)「
20.[著
書]
LeRomandeRenart,edited'apreslesmanuscritsCetM
創 価
大 学 一 般 教 育 部 論 集 」No.7,pp.21-41
(原 野 昇 、 鈴 木 覚 共 著;昭
和 五 十 七 年 度 文 部 省 科 研 出 版 助 成 金 に よ る 刊 行 物)
1984(日
21.[論
文 】
22.[論
文]
,‐tomeI‐France-Tosho,512p.
召禾059)
LeRomandeRenart,branchesII3,II5-notesetetudes-(2)「
創 価 大 学 一 般 教 育 部 論
集 」No.8,pp.1-9
SurlanouvelleeditionduRomandeRenartd'apreslesmanuscritsdugroupey,第
四 回 国
際 動 物 叙 事 詩 学 会"Cahiersd'etudesmedievales",2-3,pp.215-226
23.[論
文]:
FragmentdeRenart:Bruxelles,BibliothequeroyaleII139fragment9(=ms
.r)‐texte‐
ト リ ノ 大 学 ロ マ ン ス 語 研 究 誌"Pluteus",No.2,pp.71-77
1985(日
24.[論
文 】
RemarquessurunfragmentduRomandeRenart:ms.Y「
9,pp。15-28(昭
25.[著
者 】
和 五 十 九 年 度 文 部 省 科 研 一
一 般 研 究(C)に
野 昇 、 鈴 木 覚 共 著;昭
よ る 研 究)
,‐tomeII‐France-Tosho,549
和 五 十 九 年 度 文 部 省 科 研 出 版 助 成 金 に よ る 刊 行 物)
1986(日
文]
創 価 大 学 一 般 教 育 部 論 集 」No
LeRomandeRenart,edited'apreslesmanuscritsCetM
p.(原
26。[論
召禾060)
召禾061)
RemarquessurunfragmentduRomandeRenart:ms.r_revuesetcorrigees-「
学 一 般 教 育 部 論 集 」No.10,pp.35-49(昭
和 六 十 年 度 文 部 省 科 研 一 般 研 究(C)に
創 価 大
よ る
.
17
研 究)
1987(日
27.[論
文 】:
召禾062)
LeRomandeRenart,ms.c(Br.VIII)‐BibliothequenationaledeParis,fondsfr.25545‐
「創 価 大 学 一 般 教 育 部 論 集 」No.11,pp.1-16(昭
和 六 十 一 年 度 文 部 省 科 研 一 般 研 究(C)
に よ る 研 究)
28.[論
文]
Surunfragmentnon-publieduRomandeRenartconservealaBiblioth壱queroyaleAlbert
Premier,第
五 回 国 際 動 物 叙 事 詩 学 会"AttidesVColloquioBellainternationalBeastEpic,
fableandFabliauSociety",pp.15-22
1988(日
29.[著
書 】
30.[論
文 】:
召禾063)
『狐 物 語 の 世 界 』(LemondeduRomandeRenart)(原
野 昇 、 鈴 木 覚 共 著)東
京 書 籍270
P・
LeRomandeRenart,ms.b(B.N.Paris,fondsfr,837)‐texteetnotes‐
教 育 部 論 集 」No.12,pp.17-31(昭
「創 価 大 学 一 般
和 六 十 二 年 度 文 部 省 科 研 一 般 研 究(C)に
よる 研
究)
31.[論
文 】
LeRomandeRenartに
Renart)_(1)「
関 す る 文 献 学 的 研 究 一(1)一(EtudephilologiqueduR・mande
創 価 大 学 一
一 般 教 育 部 論 集 」No.12,pp.35-54(昭
科 研 一 般 研 究(C)に
32.[論
文]
33.[論
文]:
和 六 十 二 年 度 文 部 省
よ る 研 究)
SurlefragmenttduRomandeRenart,第
七 回 国 際 動 物 叙 事 詩 学 会"Reinardus",vol.1,
pp.156-162;avecS.SUZUKIetH.HARANO
SurunnouveaufragmentduRomandeRenart,("Romania",tome107,2-3,pp.397-400;
avecH.HARANOetS.SUZUKI)
1989(平
34.[論
文 】:
LeRomandeRenartに
Renart)_(2)「
関 す る 文 献 学 的 研 究 一(2)一(EtudephilologiqueduRomande
創 価 大 学 一 般 教 育 部 論 集 」No.13,pp.1-26(昭
科 研 一 般 研 究(C)に
文]:
和 六 十 三 年 度 文 部 省
よ る 研 究)
1990(平
35.[論
成1)
成2)
LeRomandeRenart,labrancheXXV-revisiondutexted'E.Martin-「
創 価 大 学 一 般
教 育 部 論 集 」No.14,pp.39-47
36.[論
文]
Surlems.3334delaBibliothequede1'Arsenal←ms.HduRomandeRenart)「
一 般 教 育 部 論 集 」No
37.[訳
書]
創 価 大 学
.14,pp.49-53
『フ ラ ン ス 中 世 の 社 会 』 一 フ ィ リ ッ プ 需 オ ー ギ ュ ス ト の 時 代 一
ル 著 、 東 京 書 籍557p.("AchilleLUCHAIRE,Lo50c彪
ア シ ル ・リ ュ シ ェ ー
∫6加 ηgoご
∫8側
∫6〃2p546P観
ψp8-
Auguste,1909,1-lachette")
1991(平
38.[論
文]
NotessurlatraditionmanuscriteduRomandeRenart,‐B.N.Paris,nous.acq.fr.10035
(=ms.の
一
般 研 究(C)に
39.[論
文1
成3)
「創 価 大 学 一 般 教 育 部 論 集 」No.15,pp.1-58(平
SurlaBr.VIIIduRo配oη48R8ηor∫,第
pp.101-110
成 二 年 度 文 部 省 科 研 一
よ る 研 究)
八 回 国 際 動 物 叙 事 詩 学 会"Reinardus",vol.IV,
18
1992(平
40.[論
文1:
LeRomandeRenart,Br.XXVI‐revisiondutexted'E,Martin-「
部 論 集 」No.16,pp.1-7(平
41.[訳
書1:
成4)
創 価 大 学 一 般 教 育
成 三 年 度 文 部 省 科 研 一 般 研 究(C)に
レ ジ ー ヌ ・ペ ル ヌ ー 、 マ リ=ヴ
ェ ロ ニ ッ ク ・ク ラ ン 著
よ る 研 究)
『ジ ャ ン ヌ ・ ダ ル ク 』 東 京 書
i籍557p.("ReginePERNOUD,Marie-VeroniqueCLIN,Jeanned'Arc,1986,Fayard")
42.[論
文1:
Surlems.aduRomandeRenart,第
九 回 国 際 動 物 叙 事 詩 学 会"Reinardus",vol.V,pp・
57-62
1993(平
43.[論
文]=
成5)
LeRomandeRenart,fragmentq(Br.VIII)‐Bruxelles,Bibliathequeroyale,IV852-4‐
「創 価 大 学 一 般 教 育 部 論 集 」No.17,pp.137-150
44.[論
文 】:
Remarquessurlescorrectionsapporteesa1'editionyduRomandeRenartd'apresles
manuscritsaetβ,第
45.[論
文 】:
六 回 国 際 動 物 叙 事 詩 学 会"R6∫
ηorぬ
∫",vol.specialpp.41-53
Surlems.mduRomandeRenart,examineanouveau‐("MelangesDufournet",tome
II,pp.609-617)
46.[論
文]:
「狐 物 語 』 第VIII枝
篇 に 就 い て(SurlaBr.VIIIduRomandeRenart)日
本 フ ラ ン ス 語
・
フ ラ ン ス 文 学 会 和 文 誌No.63,pp.1-13
1994(平
47.[論
文1:
成6)
LeRomandeRenart,fragmentp(Br.VIII)‐Bruxelles,Bibliothequeroyale,II6336‐
「創 価 大 学 一 般 教 育 部 論 集 」No.18,pp.1-35-
48.[訳
書]:
『狐 物 語 』(LeR・mandeRenart)原
野 昇 、 鈴 木 覚 共 訳
1995(平
49.[論
文 】1
白 水 社,506p.
成7)
LeRomandeRercart,fragmenth‐Bibl.roy.II139fragment2-「
創 価 大 学 一 般 教 育 部
論 集 」No.19,pp.1-16
50.[論
文]:
Jeanned'Arc書
文 体 論 学 会
51.[訳
書 】:
翰 文 の 文 体 に 就 い て(EtudestylistiquedeslettresdeJeanned'Arc)日
「文 体 論 研 究 」No.41,pp.13-26
『「産 業 」 の 根 源 と 未 来 』 一
中 世 ヨ ー ロ ッパ か ら の 発 信 一
PERNOUD,JeanGIMPEL,RaymondDELATOUCHE;Lemoyenagepourquoifaire?
1986,Stock")
農 文 協,380p.("Regine
本
19
首供 養 の記
し るし
鞍 上 に 生 涯 を 送 る 戦 国 の 世 のも の の ふ は 、 駆 け 巡 り し いく さ 場 に
討 ち と り た る 名 あ る つは も の の首 級 五 十 に 及 び な ば 、 武 運 拙 く も 己 の
が手 に掛 か り し者 共 の菩提 弔 ひ て廻向 せ しと ゆ。 世 に首 供 養と 申 す は
遮 莫。
+ 一代
殿 原 四良 兵 衛
識
こ れ な り 。隠 れ な き 剛 の 者 と 謳 わ れ し 武 辺 者 と て 、 一代 に 両 度 の首 供 養
いと な み た る は 稀 有 な り し と そ ⋮
平 成九 年丁 丑 清冬
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